Maison des Arts et de la Cultura du Liban
Le MAC, est lieu multiculturel unique qui doit véhiculer une expression artistique nationnale forte et dynamique. Pour autant, le projet s’implante dans un quartier en devenir, aujourd’hui stigmatisé par les conflits du passé et coupé par une avenue urbaine dédiée aux flux automobiles.
Le MAC doit donc être un projet emblématique et identitaire qui expose sa puissance créatrice. C’est pourquoi notre projet s’affirme par la présence imposante et sereine d’un monolithe évidé en béton ì ocre rouge. Le MAC est un bloc tectonique, régulier et massif, caractérisé par un assemblage fractal d’éléments cubiques. C’est un vestige intemporel ancré dans le site, pourtant il s’expose comme un projet qui dépasse le Temps, l’Histoire et les Religions, c’est un réceptacle dont les multiples podiums servent de tremplins à l’expression de la diversité culturelle et artistique libanaise.
Cette masse opaque est érodée, taillée et creusée en son cœur pour laisser place à une vaste cavité minérale. C’est une alcôve urbaine, un lieu public intériorisé qui détermine, rassemble et unifie trois espaces majeurs en dialogue permanent avec la vie et la culture urbaine :
-La Caverne, grande faille géologique en prolongement immédiat de la ville, irrigue l’ensemble des activités culturelles.
-Le Tapis volant, icône de légèreté et de liberté accueille la grande salle de spectacle ouverte et flottante entre les deux strates topographiques du site.
-L’Oasis, lieu calme, serein et retiré accueille les fonctions de travail et de formation. Tourné vers le ciel il regarde la cité verticale de demain.
LA CAVERNE // UN INTERSTICE URBAIN
La caverne est une vaste cavité en contact immédiat avec le sol de la ville, ses parois périphériques sont constituées d’un empilement d’éléments massifs en béton ocre rouge qui reçoivent l’ensemble des fonctions et des distributions verticales du projet.
On s’y engouffre en empruntant un canyon abrupt et sinueux qui pénètre jusqu’au plus profond du terrain, dévoilant petit à petit les éléments du programme. Les éléments servants mineurs (guichets, sanitaires, bar, vestiaires…) se répartissent le long du parcours en se logeant dans les anfractuosités, tandis que les éléments majeurs fabriquent de véritables alcôves ouvertes sur la faille primaire. La petite salle de
spectacle peut ainsi devenir une excroissance naturelle de l’espace public du hall et du parvis tandis que la salle de cinéma peut être absorbée au gré des besoins par la salle d’exposition ou le hall.
La salle d’exposition est un prolongement de cette faille, c’est une ramification du flux principal, elle s’enroule autour de la salle de cinéma pour aboutir de nouveau dans le hall. Bien qu’appuyée contre le talus du terrain naturel et enchâssée dans la caverne, elle profite d’un éclairage naturel contrôlé qui provient de la façade sud mais abouti filtré à travers les vides percés dans le monolithe.
La Cafétéria est implantée au premier étage, elle comporte une grande terrasse logée en surplomb du niveau d’entrée et en regard du parvis. L’accès de service à la cuisine se fait à niveau depuis la rue latérale.
L’ensemble des fonctions et accès techniques sont contenus dans les blocs situés à l’ouest du terrain, ils forment un ensemble vertical qui permet d’irriguer toutes les fonctions servantes tout en assurant l’une des trois assises structurelles du monolithe.
LE TAPIS VOLANT // UN TRÉSOR SCÉNOGRAPHIQUE
La Grande salle de spectacle est formée par un tapis blanc, souple et léger qui flotte délicatement au centre de la caverne. Le tapis est une véritable place publique soulevée, lieu de la transparence réciproque entre Ville et Culture.
Le tapis comporte les 2/3 des places requises, il est constitué par une grille de podiums graduables qui permettent d’assurer une modularité scénique extrême. Les sièges appartiennent à cette trame, ils sont également amovibles et rétractables (Système breveté «GALA»). Cette disposition à pour objectif de rendre la totalité de cette surface polyvalente en créant une résille 3D déformable à volonté, support d’une
multitude de configurations scéniques.
Le tapis est une feuille blanche quadrillée où toutes les expressions artistiques sont rendues possibles. Le tapis repose sur une excroissance rocheuse constituée par la petite salle de spectacle. Il se recourbe légèrement pour se poser en souplesse dans la caverne, créant ainsi le point d’entrée majeure de la salle.
Le foyer est un point de passage obligatoire, situé en léger contre bas de la grande salle, il est encastré dans le système massif en béton ocre rouge, à la fois protégé mais visible, sa situation lui permet d’être à l’interface de toutes les transparences visuelles traversant le projet.
Le 1/3 des places restantes est logé dans des tribunes en gradins creusés dans la voute de la caverne. Le plafond de la salle est modelé à l’aide de caissons acoustiques nappés de vermillon et d’or, il scintille et éclate donnant à la salle un aspect précieux, chaleureux et noble.
La salle peut être occultée à l’aide d’une succession de rideaux blancs qui une fois abaissés l’isole de l’extérieur tout en créant un jeu d’ombres et de lumières laissant deviner les palpitations du spectacle.
L’OASIS // L’AVENIR EN CULTURE
La partie supérieure de l’édifice est perçue depuis la strate basse de ville contemporaine comme un volume opaque et énigmatique. Pourtant, la cime d’un cèdre effleure le ciel et laisse deviner un ailleurs, un oasis creusé, entaillé dans la masse compacte en béton ocre rouge de l’attique.
L’oasis est formée par une succession de jardins en terrasses qui dévoile une diversité botanique surprenante, mêlant à une végétation luxuriante, un grand bassin miroir du ciel.
Cette concavité verte joue le rôle de cinquième façade et s’offre au regard de la ville verticale de demain tandis qu’elle donne au projet une ligne d’horizon tendu sur le grand paysage.
Les salles de travail et de formation ainsi que la cinémathèque s’enroulent autour du vide laissé par la cage de scène. Ils sont éclairées par de nombreux jardins arborés, un patio perfore même la totalité du volume afin d’offrir au hall un point d’éclairement zénithale.
La bibliothèque et l’administration sont logées au sud, à l’ombre d’un jardin en gradins, ils bénéficient d’un havre de paix qui contraste avec l’ouverture sur la ville.
La couronne périphérique est occupée par une épaisseur de circulation, permettant à la totalité des activités ì d’être orientées vers la respiration verte. Cette limite externe agit comme un véritable barrage visuel et acoustique contre le tumulte urbain, elle offre ainsi un endroit calme, frais et serein propice à stimuler la réflexion, le travail et la construction patiente d’une culture Libanaise partagée et reconnue par tous.