Médiathèque La Passerelle
Le site
Vitrolles, comme de nombreuses villes périphériques des grandes métropoles, a trop vite grandi.
Victime de l’urbanisation des années 60, elle est passée du statut de petit village provençal d’un millier d’habitants, à celui d’une cité dortoir composée d’immeubles sans âme.
Cette période tragique, qui a laissé sa trace partout en France, se caractérise notamment par l’absence de travail sur l’espace public, d’architecture. Les bâtiments sont là, innombrables, simplement fonctionnels sans personnalité.
Vitrolles a été frappée de plein fouet et en porte les stigmates. Les errances politiques de cette dernière décennie n’ont rien arrangé.
Notre travail part de ce constat. Peu de choses se sont passées depuis lors, il nous faut donc intervenir comme des chirurgiens : Soigner plutôt que détruire. Venir apporter épaisseur, matière, complexité à un lieu qui en manque si singulièrement.
Plus qu’ailleurs, le travail sur l’architecture, les formes urbaines a ici un sens, une réelle importance politique : la rareté des équipements publics et culturels doit en faire des objets d’exception qui ont un rôle central à tenir vis-à-vis de la ville et de ses habitants : que Vitrolles ne soit plus simplement une « cité dortoir » mais une ville avec ses équipements qui doivent tenir lieu de monuments.
Pour construire ces barres de logements, on a utilisé le béton armé, non pas pour les performances techniques qu’il autorise, mais pour son économie et la rapidité de construction qu’il permet.
Nous proposons de construire la médiathèque en béton car par sa plasticité, il peut donner forme à des dessins, exprimer des abstractions. La continuité dans l’emploi du même matériau mais cette fois, pour la liberté qu’il permet, est là pour montrer l’intégration que nous recherchons.
De tous temps, les villes se sont construites en mettant en scène leurs bâtiments symboliques par rapport aux bâtiments domestiques, aux logements.
Ainsi, églises, mairies, écoles font vivre la cité. La médiathèque entre dans cette catégorie à Vitrolles : le long de la voie principale du quartier des Pins, une grande place sera créée, la médiathèque en sera le principal équipement, cette position urbaine en fera le signal, l’évènement que la ville attend.
L’architecture : transparence et liberté
D’un point de vue urbain, le projet que nous présentons offre deux visages : un rez-de-chaussée implanté à l’alignement, complètement vitré, invitant à entrer, et un étage composé d’un grand voile sinueux de béton blanc ajouré, qui exprime le mouvement, la légèreté, métaphore de la lecture. C’est dans cette opposition que le projet trouve sa force.
Au-delà de cette image, cette composition est une réponse au programme même de la médiathèque et des espaces qui la composent.
Ainsi, le socle transparent sur la place donne au piéton la vue sur l’entrée, les espaces d’exposition, le café, l’auditorium, faisant sortir le bâtiment de son cadre. L’étage, en encorbellement, protège les espaces de consultation de l’ensoleillement direct.
A l’étage, on trouve les salles de consultation où le travail sur la fluidité (symbolisé par les courbes) et la lumière ont été recherchés : ainsi, sur la place, la façade n’est que peu percée car orientée au sud, les prises de lumière se faisant au nord pour garantir un éclairage homogène sans ensoleillement direct.
Ce grand voile cinétique donne à la médiathèque des formes changeantes, où, suivant la lumière, l’endroit où l’on se trouve, le jour, la nuit, le bâtiment offre visages différents.
Le mur interactif : Sur la place, une des faces du grand ruban de béton est équipé d’un système d’accrochage et de projection qui permet à la médiathèque de sortir de ses murs en signalant une exposition, des conférences, l’accrochage d’œuvres artistiques, faisant du bâtiment un véritable support culturel.
Ainsi, le bâtiment par ses formes, ses courbures, viendra donner l’apport de matière, de singularité qui manquent tant à la ville.
L’organisation du plan
Le projet répond précisément aux attendus du programme tant au niveau de la distinction et de la distribution des circuits que de la répartition des fonctions par niveaux :
La répartition des locaux
Le projet s’organise sur 4 niveaux. Les espaces accessibles au public sont limités à deux niveaux, le rez-de- chaussée et le niveau 1. On y trouve :
au rez-de-chaussée : les fonctions en liaison directe avec l’espace public : entrée, exposition, café, auditorium ainsi que le pôle enfance sous contrôle direct avec l’accueil.
On trouve également au rez-de-chaussée les locaux mutualisés avec le marché (transformateur, sanitaires).
au niveau 1 : sont regroupés les espaces du pôle fiction et du pôle documentaire.
au niveau 2 : on trouve les services internes.
au sous-sol : il est réservé aux archives à l’abri de la lumière, en liaison directe avec les autres niveaux de la médiathèque.
La distinction des flux
La séparation entre le circuit du public et celui du personnel et du livre a été un point déterminant dans la composition du plan.
Ainsi, le déplacement du public entre le rez-de-chaussée et le niveau 1 est organisé comme un parcours, une promenade entre des espaces décloisonnés : le hall, en double hauteur met en perspective l’ensemble des lieux de la médiathèque, ce parcours est ponctué d’archives vivantes. On circule dans la médiathèque comme dans une exposition, un parcours continu lie les espaces.
Pour le circuit du livre et du personnel, il existe un bloc ascenseur/escalier qui relie les quatre niveaux : le sous-sol pour les archives, le rez-de-chaussée pour la livraison et la liaison avec la banque de prêt et de retour, l’étage pour les espaces du pôle fiction et le pôle documentaire, le deuxième étage pour les services internes.
Le programme
On trouve au rez-de-chaussée :
L’accueil : au centre du plan, en double hauteur sur l’espace de consultation, le hall est l’élément central de distribution du projet, il donne accès :
A la zone de la médiathèque sous contrôle d’accès ou l’on trouve la grande banque d’accueil et de prêt. A proximité immédiate, on trouve l’espace presse actualité installé sous la salle de l’heure de conte
A la salle d’exposition en vitrine sur la place ;
A la salle de formation qui peut fonctionner hors des heures d’ouverture de la médiathèque ;
Au café qui à l’angle du bâtiment trouve un prolongement en une terrasse extérieure couverte ;
A la salle d’animation qui elle aussi peut fonctionner de façon autonome.
Tous ces espaces sont conçus en continuité mais peuvent aussi fonctionner indépendamment. Des sanitaires accessibles depuis le hall fonctionnent dans toutes les configurations. La hauteur sous plafond importante donne volume et respiration aux espaces, elle permet également pour la salle d’animation de créer un gradin calculé pour avoir la meilleure visibilité en tout point de la salle.
Le pôle enfance se trouve au rez-de-chaussée, en lien direct avec l’espace d’accueil, plateau libre, le mobilier dessine l’espace, un puit de lumière en partie centrale garantira un très bon éclairement. Un jardin extérieur prolonge la salle et permet aux enfants d’avoir des activités de plein air.
Nous avons isolé la salle de l’heure du conte qui gravite au-dessus du hall, qui par sa forme, évoque une étoile, le lieu du rêve et de l’histoire. Elle sera le point central de la composition.
Au niveau 1 : on retrouve sur un même plateau le pôle fiction et le pôle documentaire. Le grand escalier donne accès au niveau depuis le hall des coursives, élancées tissant des liens entre les espaces.
Des plateaux sont libres, le positionnement des mobiliers peut évoluer.
De grands puits de lumières du nord garantiront une qualité de lumière propice à la lecture.
Au niveau 2 : on retrouve les services internes reliés au hall par l’ascenseur public, aux plateaux de lecture, aux archives, à l’entrée par l’ascenseur dédié aux services.
Cette double liaison permet un fonctionnement et des déplacements simples et rationnels.
Sur le toit : les locaux techniques ont été installés dans des locaux fermés qui permettent de donner une bonne pérennité aux équipements et de garantir une bonne protection acoustique.
Les matériaux
A l’extérieur
Les façades seront en béton blanc.
Les menuiseries en aluminium laqué à rupture de pont thermique.
La terrasse au niveau 1 est végétalisée, offrant à l’équipe de la médiathèque un cadre verdoyant. Cette terrasse est également vue depuis les bâtiments voisins.
A l’intérieur
Les matériaux seront choisis pour leur solidité et leur élégance mais aussi pour répondre aux besoins acoustiques.