Parc Musée de la Mine du Puits Couriot
Le site Couriot s’ancre très fortement dans l’histoire et le paysage. Son importance dans le développement industriel à l’échelle nationale, sa composition paysagère offrant un livre ouvert sur le fonctionnement minier, son très bon état de préservation, ont justifié son classement au titre des monuments historiques.
Il préserve un aspect d’authenticité très fort au regard des dispositions de sa période d’abandon.
Les fondements de la réorganisation du musée peuvent être posés autour de deux axes principaux:
• Préservation d’un paysage offrant un sentiment d’abandon.
• Renforcement de l’identité des différentes strates.
D’un côté, le fait qu’une grande partie du site de proximité des bâtiments du musée n’ait pas véritablement changé depuis le fermeture du dernier puits, a donné une occasion d’offrir au public du parc la possibilité d’établir, au travers de traces et de vestiges de toutes natures soigneusement conservés, une connexion temporelle avec les derniers instants du temps long de la mine. Les affleurements ponctuant toute la partie ouest du site déterminent un véritable champ d’évocations, un secteur d’exacerbation de la mémoire qui n’exige pas que l’on en fixe, avec précision, ni l’origine, ni la fonction. Cette partie du parc est, en ce sens, le prolongement silencieux du musée.
De l’autre, la ville de Saint-Étienne attendait la venue d’un nouveau parc urbain, proche du centre.
Deux infrastructures: le Boulevard Pierre Mendès-France et la voie ferrée font obstacle à la fluidité des accès au musée bien sûr mais aussi au parc. Il faut franchir résolument ces limites et notre plan directeur prévoit deux manières de le faire, l’une dans le prolongement de la rue Aristide Briand, l’autre à hauteur du carrefour Pierre Mendès-France et la rue de l’Apprentissage.
Les contraintes budgétaires reportent, dans une seconde phase, ces ouvrages mais, c’est précisément sur la rive du parc où se feront ces enjambements décisifs que seront mis en oeuvre des lieux et des équipements plus actifs et plus contemporains.
Il y aurait donc une rive ouest de la mémoire et du silence et de l’autre une rive est de la modernité et de l’animation.
Intentions conceptuelles :
- Bien identifier le cadrage du site « Couriot », son assiette paysagère.
- Préserver la fertilité des sols de la partie haute du site. Acquérir de nouvelles parcelles pour y promouvoir des activités horticoles ou paysannes. Conforter certains éléments des pentes du mont Salson pour créer, à terme, un espace naturel et agricole.
- Reconsidérer pour les revitaliser toutes les franges urbaines du site.
- Fortifier l’idée que le projet n’est pas celui d’aménager un Musée dans un parc, ni celui d’aménager un parc aux abords d’un Musée mais, celui d’aménager un Parc-Musée.
- Désenclaver le Parc et le Musée, en partie basse du site. Franchir les obstacles et qualifier les différentes entrées dans le site.
- Profiter des différentes terrasses et de leurs niveaux pour diversifier les usages et les lieux.
- Affecter la rive ouest du Parc, au pied du Musée, aux pratiques liées à l’évocation, à la mémoire de la mine, et la rive est, le long des voies ferrées, aux pratiques plus contemporaines, plus récréatives. Utiliser, pour cette dernière partie un vocabulaire résolument moderne.
- Réemployer, restaurer plusieurs bâtiments existant sur l’ensemble du site pour satisfaire aux divers besoins du programme du Musée.
- faire du site un centre d’interprétation au plein sens du terme, un site « de société ».
- Avoir une approche mesurée de l’aménagement et de la dépense. Être attentif à la progressivité lente et modique du budget proposé.
LE PARC (Michel Corajoud) :
- La plateforme basse Le site du Parc est caractérisé par la forme d’un faisceau. Faisceau initié par la divergence des voies ferrées desservant le site minier à partir de la voie principale, il s’élargi du nord vers le sud puis se divise en deux tracés l’un, dont les rails ont été supprimés, s’évase en plusieurs courbes orientées par le tracé des voies principales ; l’autre plus rectiligne, dont les rails sont encore présents, s’oriente sur une parallèle des bâtiments du Musée de la mine. L’ancien système de desserte ferroviaire du site a donc contribué à la constitution de deux plateformes distinctes séparées par un chemin taluté qui, en montant, distribue deux autres plate-formes plus élevées. • La plate-forme basse, au pied du musée, est parsemée de traces, de stigmates, de rails, de longues barrettes de béton, d’une mosaïque de divers sols dont certains beaux pavés, d’une balance, d’un mur noir en mâchefer, d’anciens quais et buttoirs. La valeur historique de ces signes mériterait évidemment d’être établie mais, sans l’avoir vérifié, nous estimons que c’est l’ensemble de ces indices en l’état et leur distribution qui éveillent l’imaginaire et stigmatisent la mémoire, et nous décidons donc de les garder tous. La plus grande partie de cette plate-forme est, à l’occasion, utilisée sans problème par des manifestations publiques d’importance, comme celle d’un cirque par exemple. En laissant les choses en leur état (ou presque) on peut faire usage de cet espace tout en lui attribuant une valeur mémorielle qui prolonge, en extérieur, celles que propose, en intérieur, le Musée. La partie sud de cette même plate-forme, en appui du mur de mâchefer conservé est organisée en une succession de chambres vertes. Les unes sont équipées avec des jeux pour les enfants. Les autres abritent, derrière des haies taillées, des grandes tables et des bancs. En continuité de la première ligne de ces chambres, une prairie bien exposée s’offre à l’usage tout en gardant, sur sa surface, toute la ponctuation des indices évoqués plus haut. • La plate-forme engazonnée au sud-est a une configuration plus autonome. Elle est, d’un côté, cadrée par la courbe de l’emprise des voies ferrées et, de l’autre, par un talus boisé. La disposition des troncs des arbres en alignements courbes évoque discrètement le faisceau des anciennes voies ferrées et, en sous-étage de ces arbres persistent et persisteront des ouvrages d’anciens quais. L’essentiel donc de cet espace ne nécessite pas qu’on le transforme, il est dès aujourd’hui partie constitutive du Parc Couriot. Le Parc fait déjà l’objet de nombreuses pratiques et ces pratiques, il s’agit de les accompagner et de les conforter. Nous entrons dans une conversation qui est, depuis longtemps, commencée !
LES NOUVEAUX ESPACES MUSÉOGRAPHIQUES (gautier + conquet) :
- Construire dans l’existant « Il s’agit moins de mettre que de retrancher »,écrivons-nous. Notre intention de conforter l’esprit d’un parc musée, le refus de toute construction neuve sur le site historique, en dehors, peut-être, de la rive est, doit s’appuyer sur la (re)mise en valeur des bâtiments existants, de leur histoire. Chacun peut être un média qui participe de la compréhension du site et de son activité ancienne.
La reconversion des bâtiments existants s’inscrit également dans l’objectif économique, particulièrement serré, du programme, et dans une perspective de développement durable qui doit poser en premier lieu la question du réemploi de ce qui est disponible.
Certains bâtiments sont confortés et pérennisés par des actions minimales (atelier des locomotives, salle des compresseurs, d’autres réhabilités de manière plus importante mais également indispensables au regard de leur état (treuils de secours, 1° lavabos) dans le but de les ouvrir au public.
Enfin trois espaces seront aménagés de façon plus complète pour accueillir des surfaces d’exposition d’oeuvres (1° lampisterie, 1°chaufferie). Ces actions permettent de valoriser de nouveaux parcours à travers les bâtiments et accroître la capacité d’exposition muséographique globale.Le choix des espaces muséographiques s’est fait en tenant compte de leur valeur patrimoniale proprement dite, pour réserver les espaces patrimoniaux majeurs à la découverte historique et sociale.
Il a également tenu compte du parcours de découverte des visiteurs.
L’objectif est de ne pas impacter les structures existantes des bâtiments, de ne pas toucher l’enveloppe, mais de réaliser de nouvelle constructions (réversibles) à l’intérieur.
Un des enjeux de l’installation muséographique est de construire une enveloppe qui réponde à des exigences fortes en termes de présentation et de conservation des oeuvres muséographiques.
Un ensemble de « galeries », des constructions contemporaines et totalement indépendantes de l’enveloppe existante sont installées à l’intérieure du bâtiment et permettent l’installation des collections dans des conditions de température et de mise en lumière optimales.
Les galeries s’inscrivent dans la trame linéaire de la structure existante sans la toucher. Dès l’entrée dans le bâtiment, nous laissons visible la structure du bâtiment ; ainsi l’accès proprement dit aux galeries s’effectue un peu plus loin par un passage totalement vitré. Une succession de traverses vitrées relient les galeries.
Les traces au sol (rails) sont toujours visibles, les murs existant et la charpente restent bruts…et restent visibles depuis les extrémités des galeries. La nouvelle enveloppe, s’adapte au dispositif muséographique. Les dimensions, les percements, les passages…. la modernité. La constitution de cette construction est réalisée en structure bois avec isolation thermique intégrée.
Les parements intérieurs sont réalisés en lambris de chêne sombre pour mettre en valeur les collections présentées. De même les sols sont en parquet de chêne et constituent un faux plancher.
Notre approche architecturale et muséographique propose ainsi une intervention fine « dans les murs», sans dénaturer l’identité des bâtiments, tout en apportant une lecture contemporaine par un dialogue entre l’existant et le neuf, entre héritage et
LES BÂTIMENTS PATRIMONIAUX Valorisés (Archipat) :
Le puits Couriot fut le puits minier le plus puissant du bassin de la Loire au XXème siècle. Ce site est un véritable modèle de la conception des grands sites miniers suivant les principes rationnels du début du XXème siècle. Il est structuré en trois strates fonctionnelles principales formant un paysage emblématique face à la ville de Saint-Etienne. Il a fermé définitivement en 1973. Après des travaux d’aménagement dans les années 1980, le musée de la Mine ouvre ses portes en 1991.
Le musée de la mine propose aujourd’hui la visite des principaux équipements et bâtiments, ainsi que d’une galerie reconstituée. Cependant la valorisation des bâtiments qui abritent le musée a été pendant longtemps oubliée et plusieurs espaces sont inaccessibles au public et restent en marge de l’histoire contée du lieu. L’objectif qui nous a été confié par la ville de Saint-Etienne est de stabiliser l’équilibre qui s’est naturellement mis en place dans ces lieux entre mémoire et développement.
Le faible niveau d’intervention sur ces espaces a permis de leur maintenir une authenticité très forte, notamment dans les strates supérieures. L’enjeu est de conserver la dimension « dramatique » du site tout en y associant une vie contemporaine. La posture retenue préconise le respect des traces patrimoniales et une grande attention portée à la signification d’ensemble faisant écho au classement au titre des monuments historiques. Notre intervention s’attache à se distinguer le moins possible dans le paysage existant, tout en répondant aux nécessités de conservation nécessaires à la pérennité des ouvrages. Un travail minutieux sera entrepris pour consolider tout en préservant le sens, l’authenticité et la richesse du site.
Réalisé dans un souci de cohérence avec les réflexions déjà engagées et conjointement avec l’ensemble de nos partenaires, notre proposition d’intervention présentée ci-après porte sur l’ouverture et la mise en sécurité de la strate haute au public (Atelier locomotives, deuxième compresseur, deuxième lavabo/salle des pendus et bâtiment extraction/salle énergie) et l’accessibilité pour tous à ces nouveaux lieux (garde-corps, sols praticables, ascenseur ... ). Une réponse est également apportée aux urgences patrimoniales des strates basses et intermédiaires (ancien premier lavabo et bâtiment extraction/salle énergie, passerelle ... ).
La mise en lumière (Cobalt)
Pour un pays minier et surtout pour les Stéphanois, ce site incarne une culture et avant tout un mode de vie s’organisant autour de ce secteur d’activité : l’extraction du charbon.
Celle-ci s’écrit sous deux aspects, un effet de profondeur et un effet d’application directe de la lumière.
1 - Les élévations de la partie « jour » : accentuation de la dimension volumétrique du chevalement et des jambages.
- L’effet de profondeur est généré depuis l’intérieur de la structure de manière à donner la dimension volumétrique de l’ensemble.
- Un voile doux a été apposé sur la structure extérieure. Sa construction est valorisée par des projecteurs placés sur le chevalement. Ceux-ci sont peints d’origine en gris aluminium afin de favoriser leur intégration. L’application d’une température de couleur unique (un blanc teinté de bleu) conforte la dimension et la volumétrie du chevalement. Il permet de souligner la structure métallique avec finesse. En poussant la réflexion beaucoup plus loin, des évènements sont organisés annuellement tels que la Sainte Barbe, la Saison Découverte, la quinzaine en partage initiées par la Ville de Saint-Étienne. Le chevalement pourra, à ces occasions, faire “peau neuve” ou annoncer un évènement puisque l’installation offrira la possibilité de commander l’ensemble des projecteurs au point par point afin de gérer leur couleur, leur intensité et procéder à la programmation de scénarios animés. La lumière dite “conventionnelle ou de repos” est LA mise en lumière visible en grande partie de l’année. L’objectif est de conforter l’atmosphère de mémoire et de repos qui entoure le chevalement et les autres bâtiments du site, le projet ne visait surtout pas à en faire une “attraction” mais bien de s’inscrire dans cette philosophie. Le câble qui lie le puits du chevalement à la salle des machines est révélé à la nuit tombée par une fine ligne de lumière diffuse obtenue grâce à une fibre optique. La force du Siège Couriot reste son exploitation minière, “source” de richesse en son temps, venant du fond et identifiée au “jour” tel un geyser sortant du sol. Cette symbolique est incontournable et le principe lumière est identique “de l’intérieur VERS l’extérieur” révélant ainsi l’âme du site et sa puissance.
2 – Les bâtiments patrimoniaux (machinerie et treuil de secours): l’extérieur des bâtiments ne recevra aucun traitement, c’est depuis l’intérieur que sera révélé l’extérieur par contraste. La lumière transpercera les éléments (fenêtre, verrière) d’un blanc froid laissant l’esprit des observateurs s’imprégner de l’histoire et de l’ambiance du lieu dans un mouvement de variation laissant paraître une présence physique. Ces volumes, aux moments opportuns, accompagneront la dynamique qui sera libérée sur le chevalement.
L’esplanade n’a reçu aucun traitement lumineux afin de ne pas venir en concurrence avec les bâtiments patrimoniaux mis en lumière. Ceci a permis de conserver l’ambiance générale du lieu de repos et de mémoire.
La Muséographie (Scène) :
- Le parcours muséographique L’organisation générale du discours muséographique dans les trois espaces répond à une logique d’appropriation successive de la contextualisation du site, de la mine et de ses rapports avec le territoire stéphanois. Trois entrées principales ont été retenues (que viendra compléter ensuite, celle anthropologique sur les hommes): la dimension emblématique de la figure du mineur et de celle de la mine de charbon ; l’échelle de l’aventure du puits Couriot proprement dit ; enfin celle de l’aventure du charbon sur le territoire stéphanois. Une articulation générale tient lieu d’introduction dans le même espace que la première partie.
Au-delà de la dimension artistique ou plus documentaire des oeuvres et objets présentés, le discours tenu reprend ce que Braudel avait défini comme une histoire totale, c’est à dire prenant en compte les données géographiques autant que géopolitiques et humaines. Le choix des espaces muséographiques s’est fait en tenant compte de leur valeur patrimoniale proprement dite, pour réserver les espaces patrimoniaux majeurs à la découverte patrimoniale sans y multiplier de manière trop prégnante les dispositifs didactiques ou liés à des collections ne se rattachant pas directement au lieu. Il a également tenu compte du parcours de découverte des visiteurs.
- La figure du Mineur Dans l’ancienne lampisterie, prend place la partie consacrée à la mine et le mineur. Son objectif principal est de situer en début de parcours pour le visiteur, ce qu’est la mine de charbon, Saint-Etienne, mais aussi ce que représentent dans les imaginaires et les représentations mentales la figure du mineur et celle de la mine de charbon (en d’autres termes de permettre au visiteur de s’interroger en préambule sur ses propres représentations de l’univers de la mine, et donc de se mettre en situation d’écoute attentive pour la suite de son parcours).
- La grande histoire de Couriot L’espace donnant sur le chevalement et la ville de l’ancienne chaufferie est consacré à l’histoire du site du puits Couriot lui-même ainsi qu’à celle de la compagnie qui l’a créé et à l’évolution du paysage du site, en surface comme en sous-sol.
- Six siècles d’aventure houillère Le grand espace arrière de l’ancienne chaufferie est enfin occupé par le récit de l’aventure du charbon stéphanois, à la fois dans dimension interne et dans ses rapports aux territoires qui l’entourent, et à la valorisation des collections s’y rapportant.
L’approfondissement indispensable sur les hommes de la mine, thème qui sera naturellement abordé
dans les différents outils mis en place, sera développé dans la tranche suivante dans les espaces disponibles sous la salle de la machine d’extraction et la salle d’énergie, dont les qualités se prêtent bien à cette thématique.
La visite des espaces traités ici peut s’effectuer de manière libre, en amont et/ou en aval de la visite des espaces patrimoniaux et de la visite (nécessairement en groupe structuré) de la galerie reconstituée.
Elle peut aussi s’effectuer en groupe, sous la conduite d’un médiateur. La capacité des groupes est naturellement calibrée sur celle des visites de la galerie, soit un maximum de 25 personnes.