Les nouvelles archives départementale du Rhône
Le monument de la mémoire du département du Rhône.
Collecter, Classer, Communiquer, Conserver sont les quatre fonctions d’un service d’archives.
Les programmes, issus de la direction des Archives de France, ont pris du corps et sont pilotés via son «département de l’innovation technologique et de la normalisation».
D’un archivage technique, empirique, on est passé à un archivage plus accessible, au sein d’un équipement culturel, au cœur de la ville, désormais tournés vers le public, avec des conditions d’accueil et de travail très ergonomiques.
Peu à peu les départements redécouvrent leur patrimoine et, à travers celui-ci, leurs archives. Archives ou mémoire collective du département.
De boite, les bâtiments deviennent écrins.
La vocation de cet équipement est de recevoir DES publics différents : chercheurs, généalogistes, particuliers, scolaires. Les locaux communs ont un rôle primordial dans l’accueil, l’animation, la pédagogie. Ils forgent l’identité du service public.
Les salles de consultation forment l’espace de représentation de l’institution, généreuses, spacieuses.
Les archives sont aussi un lieu de travail, pourvu de nombreux bureaux qui se doivent d’offrir au personnel fluidité, confort acoustique, visuel, thermique et qui contribuent ainsi à la qualité du service public.
L’approche environnementale de tout programme a également donné une impulsion nouvelle pour la conception de ces bâtiments, en particulier pour améliorer la performance thermique des imposants volumes des magasins d’archives.
L’enjeu est de permettre un renouvellement de l’air avec une grande stabilité hygrothermique, tout en minimisant les consommations énergétiques.
Inscrit dans une démarche culturelle et urbaine, le bâtiment concilie ainsi la protection des ouvrages contenus dans des « silos » avec l’architecture, l’expression du caractère patrimonial du lieu, l’accueil des publics qu’il faut encourager à venir ainsi que la mise en valeur de son savoir-faire.
Le concours pour les nouvelles archives a été lancé par le département du Rhône en 2007 dans le but de les moderniser et de remédier à leur dispersion sur trois sites dans Lyon, peu fonctionnels, isolés et détournés du public et des flux urbains.
Le choix d’implanter ce programme au sud de la Part-Dieu, dans un quartier en mutation, proche des universités, bien desservi par le tramway, participe de cette démarche. Il s’inscrit aussi dans la programmation et le travail de régénération du quartier de la Part Dieu développé par le grand Lyon et l’AUC urbaniste en chef (François Decoster, Djamel Klouche et Caroline Poulin), agence d’architecture et d’urbanisme. En particulier il s’inscrit dans la volonté d’y creuser « un sillon culturel » où équipements publics et culturels jalonnent l’espace et enrichissent les usages et les pratiques de ce quartier appelé à se densifier. Il s’agit aussi de rendre enfin habitable ce centre névralgique de l’agglomération.
Une composition classique, une stratification du programme.
D’architecture classique, les archives se composent d’un socle, d’un corps de bâtiment et d’un couronnement. Le socle est dédié à l’accueil du public et à la logistique en liaison avec l’extérieur. Le corps principal du bâtiment renferme les 51 magasins d’archives. Le couronnement, très éclairé naturellement, est réservé à l’administration et aux logements de fonction.
Enjeu urbain : un repère dans la ville.
La situation particulière du terrain, entre la voie ferrée où circulent les TGV qui mettent Lyon en relation avec l’Europe et un boulevard urbain en devenir, met ce programme en scène dans la ville de façon privilégiée. Plus au nord, la qualité des bâtiments tertiaires déjà réalisés ou en projet, constitue une vitrine du dynamisme économique de la région lyonnaise, qui inscrit ainsi avec raffinement son développement dans le respect de sa mémoire. Cette approche, qui n’a pas toujours été, marque sa différence culturelle par rapport à d’autres projets.
Cet édifice, particulier dans la succession des immeubles tertiaires qui jalonnent la voie ferrée, est un repère dans la ville et, à travers le parcours nord/sud, il met ce projet en résonance avec le silo de la bibliothèque municipale de la Part Dieu.
Le contact avec la ville se fait au rez-de-chaussée, le soulèvement du cube central marquant l’entrée des visiteurs. Le vaste volume éclairé naturellement de la salle de lecture, entre les deux cubes, se libère des contraintes de la structure des niveaux supérieurs et impose le respect et le silence.
Situation / Parti architectural et urbain.
Le point de départ de la réflexion des architectes a porté sur le contexte urbain en développement. Le prolongement de la rue de la Villette par une voie nouvelle, avec le découpage des parcelles constructibles dont l’une réservée au futur bâtiment des Archives Départementales du Rhône, laissait imaginer une continuité du front bâti de la rue de la Villette. Le projet prend appui sur la limite parcellaire à l’est, et s’inscrit à l’intérieur de son polygone d’implantation. La hauteur du bâtiment et sa toiture s’inscrivent dans le gabarit autorisé.
Construction en retrait de la limite sud et morcellement du bâtiment sont conformes aux règles d’urbanisme.
Côté voies SNCF, les façades ouest sont traitées de manière similaires aux façades est, donnant sur la voie nouvelle. Très visible depuis les trains et les avoisinants, le bâtiment exprime avec force sa vocation de conservation des documents et de l’histoire.
Forme et matière : volumes sobres, façade précieuse.
La préservation des archives est un travail minutieux et savant de «mise en boite», de belles boites bien dessinées qui expriment à elles seules la grande valeur de leur contenu. A l’échelle de la ville, la morphologie des volumes affiche clairement les fonctions qu’ils abritent, trois boites renfermant les boites des salles d’archives, renfermant elles-mêmes les petites boites des archives. Précieux, subtils et durables, leurs matériaux forment un écrin délicat pour les valeurs conservées dans le bâtiment.
le socle est en pierre, appareillage de granit noir éclaté posé en lies horizontales, surmonté des volumes centraux qui se détachent, cubes de matériaux précieux : pierre, cuivre, verre.
les boites revêtues d’un métal couleur or – tôles en alliage d’aluminium et de cuivre embouties, écho aux dorures des livres – abritent les magasins de conservation. Ce matériau qui lui donne sa texture est pérenne, l’alliage conserve son aspect et sa brillance dans le temps et la légèreté de la matière contraste avec la massivité des volumes.
Détaché des autres volumes, un élément plus bas, à l’articulation des corps du bâtiment, intègre la salle de lecture et s’affranchit de toute contrainte structurelle.
En retrait de la rue, les passerelles de liaison dont la volumétrie crée l’ordre discontinu des façades, forment un pont au-dessus de la salle de lecture. Elles abritent des locaux de travail liés à la conservation et au traitement des ouvrages, éclairés naturellement.
En toiture, les deux derniers niveaux très vitrés, abritent les locaux administratifs, jouissant d’une position de grande qualité et d’un cadre de travail agréable: lumière et ventilation naturelle, vues dégagées sur la ville, patios intérieurs plantés, terrasses privatives. L’attique est constitué d’une double peau ventilée en verre, comme un couvercle venant recouvrir et protéger le trésor.