METAPHOSE DE L‘INSECTARIUM
L’idée maîtresse du projet est la synthèse de la forme et du con- tenu de l’Insectarium. Il ne s’agit ni d’une architecture bruyan- te ni d’un conteneur abstrait. Mariant l’architecture à la nature, l’Insectarium est un véritable biotope dans lequel les insectes, les plantes et les gens se rencontrent et s’intéressent les uns aux autres.
L’Insectarium est authentique. Nature, architecture et muséogra- phie confluent en un seul corps. Ils sont reliés mutuellement au service de l’expérience concrète et individuelle du visiteur.
L’Insectarium est organisme. En tant que tel, il possède un méta- bolisme propre qui laisse non seulement les plantes et les insec- tes se développer sous les soins experts des collaborateurs, mais qui rend également possible une transformation des visiteurs au cours de leur séjour.
L’Insectarium est paysage. Un grand champ d’arbres poursuit l’orée de mélèzes existant sur le site. Il s’intègre naturellement dans le prolongement de la collection de paysages du Jardin Botanique: Roseraie, Jardin Chinois, Jardin Japonais... Depuis l’extérieur, les promeneurs perçoivent un paysage constitué de végétation et de toitures relativement basses s’étageant petit à petit pour re- joindre perceptiblement la lisière de mélèzes. La trame plantée d’arbres taillés constitue une seconde ligne de toit flottant de manière homogène au dessus du projet.
L’Insectarium est architecture. Comme tel, il est complémentaire du paysage et des processus qu’il contient. Il forme avec ce der- nier une unité fonctionnelle et spatiale. C’est ainsi qu’il prend sa forme spécifique. L’intervention est une composition d’éléments bâtis pudiques intégrés dans la forme du jardin classique et entre- tenant une perméabilité avec la nature.L’Insectarium est expérience. En cela, il n’expose pas seulement mais interagit avec ses visiteurs. Architecture et scénographie ne forment qu’un. Il ne s’agit pas de décor mais d’expériences réel- les: la tactilité, l’odorat et les effets bioclimatiques des matériaux de construction utilisés d’une part, les différentes salles avec leurs caractères spécifiques d’autre part.
L’Insectarium est rencontre. Cette dernière concerne les insec- tes, les plantes, les collaborateurs et enfin les visiteurs. Bien que différents, ils sont fortement rapprochés les uns des autres. Le projet est guidé par l’envie de réveiller le visiteur et de lui procu- rer des expériences par le biais de multiples rencontres directes. Par une suite précise de différentes pièces, l’homme est initié aux insectes.
L’Insectarium est parcours. Son implantation se développe à par- tir d‘une suite de stations : reset, espaces perceptuels, espace têtes à têtes, espace immersif et ateliers créatifs. La spécificité programmatique de chaque station s’exprime dans sa forme bâtie. Dans la série de cette séquence d’espaces expérientiels, la visi- te s’imprègne dans le souvenir du visiteur: l’Insectarium comme corps mnémotechnique.
Parcours
Reset / La décontextualisation
Préambule au parcours muséal, le visiteur y perd à la fois son sens de l’orientation et sa maîtrise sensorielle par une descente serpentine dans une faille qui pénètre la terre. L’intensité de la seule source lumineuse, qui se diffuse sur la courbure du plafond et des remparts organiques, diminue en fonction de la progres- sion du visiteur. Sorti de son contexte habituel, il voit sa condi- tion humaine remise en question et est introduit à l’échelle de l’insecte.Mare aux insectes / L‘eau et la lumière
Le visiteur passe à travers la projection aquatique lumineuse et contribue à son aspect ondoyant en y projetant sa propre ombre. Cet espace de transition permet de découvrir par en-dessous la vie aquatique des insectes occupant dans la mare adjacente.Serre de production des plantes / La genèse
Le visiteur est encouragé à observer les activités internes qui se déroulent dans cette serre. La culture en terrasses offre un point de vue original sur les plantes, tandis que ses sens olfactif et vi- suel sont stimulés de manière singulière.Espace perceptuel spatial / L’encadrement
Une série de pièces liées entre elles par des galeries est conçue en analogie avec la typologie séculaire de la grotte. Les instal- lations muséographiques ont pour but de confronter le visiteur aux perceptions sensorielles et motrices des insectes et de sen- sibiliser à la rupture d’échelle entre l’homme et le monde de ces derniers.Têtes à Têtes / La régénérescence
Le visiteur déambule dans un espace constellé de conteneurs au sein desquels se font des rencontres intimes avec les insectes. L’espace de circulation est baigné d’une lumière naturelle douce provenant du patio attenant, conçu comme un espace dédié à la sérénité et à la méditation. Le visiteur a l’opportunité d’assimiler les expériences tout juste vécues.Jardin d’évolution et espace perceptuel temporel /
L’émergence Le visiteur remonte lentement à la surface, tout en longeant le jardin d’évolution. Il découvre à travers des milieux remontant l’espace temporel l’interdépendance de l’évolution des plantes et des insectes. Une fois totalement émergé, il pénètre un édifice dont la forme évoque celle d’un cocon. Il s’y trouve encerclé par la collection d’insectes naturalisés de l’Insectarium.Espace immersif / La synthèse
Une enveloppe de type serre englobe un espace baigné de lumière qui s’affirme en tant que synthèse des expériences vécues lors des étapes préliminaires. Des sillons viennent découper une mas- se de pisé à hauteur variable, elle-même utilisée comme meuble d’exposition naturel mettant en évidence les différents insectes dans leurs milieux respectifs. De cette structure positif/négatif se dégage une composition qui rappelle le motif du camouflage, technique singulière souvent employée par les insectes.Ateliers / La transformation
Les ateliers sont conçus comme des kiosques s’ouvrant panora- miquement sur le jardin des papillons et peuvent être combinés en un seul grand espace. C’est l’opportunité pour le visiteur de mettre à profit les connaissances nouvellement acquises et de les transformer par le biais d’activités de bricolage, de création et d‘expérimentation.Terrasses et zones lunch et lounge / La machine
Rendu à ce stade, le visiteur a pour la première fois une vue d’ensemble sur le parcours réalisé, mettant en évidence le pro- cessus de métamorphose engagée auprès du visiteur. Il appré- hende dans sa globalité cette « machine » qu’est le bâtiment et prend conscience de son fonctionnement interne. Ce dernier a déjà entrevu lors de son cheminement muséal le couloir de ser- vices, élément majeur distribuant depuis le cœur du projet les zones internes clés. Cette machine est volontairement mise en évidence, et sa transparence laisse apercevoir les activités con- stituant l’envers du décor de l’Insectarium.