Théâtre de Liège
Aménagement du théâtre de la place à l’Emulation
La captivité tue vite
ien connue des Liégeois qui l’ont fréquenté en grand nombre jadis, l’Émulation est un bâtiment de style néo-classique situé sur la place du Vingt-Août, au cœur de Liège, face au siège historique de l’Université. Elle fut construite de 1934 à 1939 par l’architecte Julien KOENIG pour abriter les activités de la Société libre de l’Émulation, organisme culturel ancré dans la vie liégeoise depuis la fin du 18ème siècle. La façade à rue, la toiture, le promenoir et la salle de spectacles du rez- de-chaussée, ainsi que l’escalier d’accès au premier étage ont été classés comme monuments en 1998.
Le projet s’articule sur la réaffectation du bâtiment existant - dont la restauration des parties classées – et son extension afin qu’il puisse accueillir le Théâtre de la Place dans un cadre prestigieux et adapté. Il se base sur la conception d’un lieu évolutif et global. Le bâtiment sera un outil pluridisciplinaire au service de la création, de l’accueil de spectacles théâtraux, chorégraphiques et musicaux d’ampleur internationale et permettra le regroupement des services techniques pour une meilleure rationalisation.
Le complexe proposera aux spectateurs une grande salle comprenant 565 places avec un plateau de 18 x 21 mètres et d’une petite salle comprenant 145 places. Cette dernière - dotée d’un gradin rétractable pour la transformer en espace de répétition et de création - sera largement ouverte en perspective sur la place du XX Août.
Au total, la surface utile du nouveau théâtre sera portée à plus de 7800 m2 ce qui fait plus que doubler la surface initiale.
Le bâtiment existant sera affecté à l’identité du théâtre et à l’accueil du public, l’entrée de celui-ci se fera par la façade néoclassique derrière laquelle s’implanteront l’accueil, la billetterie ainsi que le bar-café. Les spectateurs transiteront vers le vestibule classé - équipé d’un vestiaire – qui donnera l’accès à la grande salle et à la salle d’exposition. La grande salle, dont la configuration actuelle des sièges n’est pas adaptée au théâtre, a été étudiée en tenant compte des nombreux paramètres régissant l’outil théâtral et ses exigences pointues (courbe de visibilité, isolation et diffusion acoustique, mise au noir, confort des spectateurs) et le respect de l’héritage patrimonial du lieu. Il en résulte la création d’un nouveau gradin libre dans la salle, s’appuyant à peine sur le sol et libérant les murs de toute accroche laissant ainsi aux limites de l’espace la définition de la mémoire.
L’intégration des techniques de scène et des équipements techniques en général est un enjeu accompli pour préserver la cohérence et l’esprit du lieu.
Aux premier et deuxième étages, se trouveront l’espace pédagogique, les sanitaires publics, les salons « Régence » comme espace de rencontres, de restauration et d’événements ainsi que l’accès à la deuxième salle.
Les derniers niveaux accueilleront tous les services administratifs du théâtre ainsi qu’une conciergerie.
Outre cette réaffectation, un ensemble de nouvelles constructions compléteront l’ensemble permettant ainsi une optimisation des espaces. Les nouvelles parties s’articuleront entre la place du XX Août et la rue des Carmes. Ces constructions accueilleront d’une part les services techniques du Théâtre (accès décors, réserves, les ateliers de couture, décoration, maquillage/perruque, rangement accessoire) les outils nécessaires à la création et à l’accueil des artistes (salle de répétition, loges, foyer,...). Sur la place du XX Août, la mise en avant de la petite salle et sa mise en relation avec la ville révèlera l’existence d’un théâtre de création contemporaine dans les lieux. La contrainte liée à la création d’une nouvelle sortie de secours vers la rue Sœur de Hasque permettra de reconfigurer et valoriser l’espace de la cour de l’implantation de la Société Libre d’Emulation et des espaces d’exposition du Cercle des Beaux-arts.
Un des plus grands défis architecturaux de ce projet fut de trouver les stratégies adéquates pour tendre à réaliser un bâtiment avec une forte valeur unitaire malgré qu’il soit formé de deux ensembles mais surtout qu’il ai des façades sur trois rues et une place.
L’une de ces stratégies est la recherche d’une unité de matériaux. Le verre, le béton et le bois seront largement utilisés dans l’expression des nouvelles interventions, extraits de la matérialité du premier projet, accompagnant et valorisant le bâtiment existant. Ils contribueront à la
transparence et la mise en lumière des lieux selon la même philosophie établie en 1934 par l’architecte Julien KOENIG. Outre d’autres facteurs d’unité (techniques,...) le travail en symbiose avec le plasticien Patrick Corillon s’est révéler une manière de rendre toute l’épaisseur de l’activité du lieu. Nous lui avons proposé un travail non seulement sur les accueils du public mais également pour tous les usagers (acteurs, régisseurs, administratifs, direction,...). Nous avons accompli un long travail de partage des objectifs architecturaux proposant les interventions de Corillon comme autant d’ouvertures vers l’imaginaire qui sous-tend l’activité théâtrale dans toutes ses composantes.
Le corps est le lieu de la conception et aussi celui de la perception. Concevoir un lieu s’est lui donner une tactilité, une sensualité. La création a aussi trouvé un accomplissement au travers un travail de collaboration intense autour de la question du mobilier. Tout d’abord avec les équipes du théâtre pour lequel nous avons conçu de multiples objets prolongeant l’ergonomie des gestes. Mais aussi au travail en collaboration profonde avec la société Vitra en mettant en avant les convergences d’attitudes constructives entre les meubles de Jean Prouvé et nos intentions. Une table, pièce unique de la collection Vitra, déclinera une pièce de Jean Prouvé avec la composante de matière et les proportions souhaitées pour ce lieu.
Pierre Hebbelinck et Pierre deWit Architectes
Surface
7800 m2
Budget (hors tva et honoraires)
17000000€
Livraison (mois et année)
Octobre 2013