Maison du développement durable
Premier bâtiment LEED Platine NC au Québec
Summary
Located in the heart of Montreal’s Quartier des Spectacles, the Maison du développement durable is the first LEED Platinum certified building in Québec. By filling a site that stood vacant for decades, the five-storey 6495 m2 building contributes to the revitalization of the neighbourhood’s urban fabric. A large glass atrium opens onto the side garden, while offering to the passerby a new green space at the corner of Sainte-Catherine and Clark Street. The atrium bathed in natural light greets visitors with a 40 m2 living wall, which acts as a bioclimatic system providing exceptional air quality to all floor levels. The project used an integrated design process to allow the client, professionals and researchers to find innovative solutions and to promote Quebec’s know-how in sustainable development. This approach has contributed to raising standards in terms of recycled content and locally sourced materials incorporated in the building, as well as in the reduction of the building’s energy consumption to a minimum, amongst other innovations. The green building also serves educational purposes, reunites various organizations bound by their social mission, and embodies the architects’ high ambition with regard to sustainable development.
Contexte
Localisé sur la rue Sainte-Catherine, en plein cœur du Quartier des spectacles de Montréal, le site de 1400 m2 était un lot partiellement vacant dont le redéveloppement était attendu depuis la construction de Place des Arts en 1963. À l’initiative de Jean Drapeau, la démolition de plusieurs établissements commerciaux dans ce qui était jadis le quartier du Red Light de Montréal avait permis la réalisation du grand complexe, mais avait aussi endommagé le tissu urbain historique de Sainte-Catherine. Longtemps utilisé comme stationnement derrière le Théâtre de la Comédie-Canadienne ̶ aujourd’hui Théâtre du Nouveau-Monde ̶ et ensuite parc urbain, le site a finalement été cédé par son dernier propriétaire, la société Hydro-Québec, par un bail emphytéotique de 50 ans. En réalisant la conception de la Maison du développement durable, les architectes contribuent à la régénération du tissu urbain de la rue Sainte-Catherine. Le bâtiment compact de cinq étages est respectueux des vestiges architecturaux de la période victorienne qui marquent encore le caractère de Sainte-Catherine. Ses façades en briques et en panneaux de béton s’harmonisent avec l’architecture du théâtre adjacent et sa fenestration abondante au niveau de la rue poursuit la logique de l’artère commerciale. L’édifice anime la rue grâce au désalignement et au rythme irrégulier de la fenestration, ainsi qu’avec sa grande vitrine latérale qui s’ouvre vers le nouveau parc et expose l’impressionnant mur végétal intérieur.
Premier bâtiment à recevoir la certification LEED Platine Nouvelle construction au Québec, la Maison du développement durable est née en 2002 lorsque Équiterre a fait le choix de déménager afin d’offrir à ses artisans un lieu sain, accessible, sécuritaire et inspirant et de faire de ce déménagement un projet éducatif. L’idée a plu à plusieurs partenaires qui en sont devenus les membres fondateurs : Amnistie internationale, le Centre de la petite enfance Le Petit réseau, le Conseil régional de l’environnement de Montréal, ENvironnement JEUnesse, Équiterre, Option consommateurs, le Regroupe-ment national des conseils régionaux de l’environnement du Québec et Vivre en Ville. Résultant d’efforts concertés d’organisations à but non lucratif œuvrant à l’amélioration de la condition humaine sur le plan environnemental, social et économique, les architectes proposent ainsi une construction écologique de haut niveau. La Maison du développement durable vient remettre en question notre rapport quotidien à l’environnement et à la société, et offre une visibilité inégalée aux organismes et à leur message.
Programme
L’édifice compact, d’une superficie brute de 6500 m2, accueille plus de 200 personnes qui y travaillent de façon quotidienne, ainsi que 72 enfants d’âge préscolaire qui fréquentent le Centre de la petite enfance au premier étage. Le niveau du rez-de-chaussée regroupe les espaces d’interprétation, un restaurant et un kiosque d’information; l’ensemble de ces lieux favorise l’échange et la discussion. À l’étage, on y retrouve des salles de conférences ouvertes sur la rue, diffusant dans l’espace public son contenu à la façon d’un porte-voix. Les grandes questions y sont abordées et débattues dans la transparence. Sur les autres niveaux se retrouvent les bureaux des partenaires et les organismes mettant leurs moyens à la disposition de tous. Un stationnement de vélos intérieur pour les usagers (avec vestiaires et douches) et extérieur pour les visiteurs remplacent le stationnement automobile souterrain typique qu’on retrouve fréquemment dans le centre-ville de Montréal. Ce geste démontre une réelle conviction et un engagement sans conteste envers l’environnement. En redéfinissant ainsi la norme sur des enjeux aussi fondamentaux que le transport, la Maison du développement durable invite à penser de nouveaux standards et repousse les limites de la pratique environnementale.
Ce projet propose aussi une nouvelle façon de concevoir le paysage urbain. La nature emplit l’édifice en établissant une symbiose entre l’extérieur et l’intérieur. Dès l’atrium, foyer du projet, la géométrie de l’espace attire le regard vers les systèmes bioclimatiques mis en évidence. Un mur végétal grimpe dans l’atrium en améliorant de façon marquée la qualité de l’air à l’intérieur du bâtiment. Tous les niveaux de planchers s’y greffent. L’atrium est le point de rencontre entre l’environnement, le public en quête de savoir et les organismes proposant des pistes de solutions. L’ensemble des lieux favorise l’échange et la discussion.
Contraintes
Les contraintes inhérentes à une construction en plein centre-ville montréalais, en particulier dans un quartier avec un achalandage continu et des rassemblements imposants, se sont ajoutées aux défis d’une construction LEED Platine. Ainsi, la localisation du projet au centre-ville plutôt qu’en périphérie a permis de réhabiliter un site contaminé, de construire en densifiant la ville et de favoriser l’usage des transports en commun et alternatifs. L’implantation du bâtiment sur un site étroit a amené les équipes de professionnels à rechercher la solution optimale prenant en compte l’empreinte du bâtiment, la disponibilité de superficie locative et la réglementation sur le site.
Avec le mandat d’obtenir la certification LEED Platine Nouvelle construction, les architectes ont adopté un processus de conception intégrée très poussé et se sont servis de nouveaux outils. Pendant toutes les étapes de la conception et de la construction, le client et tous les acteurs impliqués (architectes, ingénieurs-conseils, entrepreneur général, consultants, fournisseurs, etc.) ont travaillé en équipe multidisciplinaire afin d’arriver à des solutions novatrices. Le défi majeur a été de créer un agencement de systèmes et de technologies afin d’obtenir le plein potentiel de ces derniers et d’en optimiser l’efficacité et la fonctionnalité. On note, entre autres, l’installation de 28 puits géothermiques sous le bâtiment à une profondeur de 152 m. Ainsi inaccessible, chaque puits géothermique est indépendant des autres afin de minimiser la diminution de capacité advenant l’éventualité d'un bris d’un des puits. Le projet a finalement récolté 59 points sur 70 et la Maison du développement durable est récemment devenue le premier bâtiment au Québec à obtenir le niveau de certification LEED Platine.
Le budget était très serré et immuable étant donné qu’il dépendait des campagnes de financement et des dons. De plus, un des objectifs était de réduire au maximum le coût des loyers. Les organismes, jusqu'ici locataires, ne devaient pas débourser plus que pour leurs baux au moment du début du projet, ce qui représentait une tâche ardue considérant l’emplacement privilégié au centre-ville de Montréal. L'estimation des coûts a donc été suivie minutieusement tout au long du projet. Un exercice budgétaire a été réalisé pour revoir en profondeur le programme afin qu’il corresponde au budget. Diverses réunions de coordination ont eu lieu pour valider l’impact de chaque réduction et pour faire une analyse de valeur. Les investissements de départ dans les technologies environnementales permettent maintenant d’économiser sur les frais d’exploitation et donc d’avoir un des bâtiments commerciaux les moins chers au pied carré du centre-ville, selon l’aperçu du marché des espaces de bureaux à Montréal. Selon une étude réalisée par Hydro-Québec, le bâtiment est l’un des plus performants au pied carré en termes énergétiques. Les architectes ont su respecter les budgets et l’échéancier, et ont ainsi démontré leur capacité à faire une architecture démonstrative et positive tout en assurant une qualité de vie aux usagers et en protégeant l’environnement.
Concept
L’intervention propose une nouvelle façon de construire le paysage urbain. La nature est invitée à emplir l’intérieur de l’édifice en établissant une forme de symbiose entre l’extérieur et l’intérieur. Dès l’entrée, l’atrium s’affirme comme le point de rencontre entre l’environnement, le public en quête de savoir et les organismes proposant des pistes de solutions. Animé par le choc des idées et des réflexions qui s’y tiennent, cet espace voit naître la synergie et la volonté de répondre aux grands défis de notre époque. La Maison du développement durable se distingue réellement des autres bâtiments durables, car elle associe, dans un équilibre maîtrisé, des qualités architecturales écologiques et uniques. Ce bâtiment matérialise le rapport entre l'espace et la connaissance, entre l’architecture et les valeurs écologiques qui sont au cœur de toute sa démarche et met l’accent sur la vie quotidienne de l’architecture : la manière dont les espaces sont utilisés, la performance de l’édifice dans son milieu, le confort réel des usagers. Combinant vocation commerciale et éducative, la Maison du développement durable souligne son appartenance au cœur de la ville et au quartier des spectacles. Un jardin unit cette construction du Théâtre du Nouveau Monde et s’appuie sur le projet. Cet espace vert questionne et invite le passant à laisser sa curiosité le guider hors des chemins connus. Au travers de la réflexion qu’elles suscitent à la manière d’un fort bienveillant, ces balises filigranes mènent le visiteur à se rapprocher du bâtiment. À la rencontre de l’espace planté et de l’espace bâti, la Maison du développement durable laisse percevoir le pouls de la vie, de l’activité intense qui fourmille en son cœur.
En pénétrant dans l’immeuble, notre perception est transformée : ce qui était perçu de l’extérieur comme une esquisse fragile des espaces du projet se révèle être la pierre angulaire sur laquelle est bâti le projet. Dans un mouvement naturel, le citoyen se dirige vers l’atrium. L’âme de la Maison du développement durable s’y trouve. Le citoyen devient acteur en étant attiré dans cet espace de toutes les rencontres. Le projet y accueille la nature et lui restitue son rôle de partenaire. La géométrie de l’espace attire le regard vers les systèmes bioclimatiques mis en évidence. Un mur végétal grimpe dans l’atrium en aidant au maintien de la qualité de l’air.
LEED
La conception intégrée du bâtiment s’est échelonnée sur une période de 3 ans et a comporté de multiples rencontres durant lesquelles le savoir-faire québécois a été mis à l’épreuve. Les nombreuses discussions et remises en question des parties ont permis de raffiner les solutions et d’élargir les horizons de tous les intervenants. Les rencontres ont fait l’objet de séances d’enregistrement, tant vidéo qu’audio, afin de servir de matériel d’éducation pour le public sur les méthodes et l’implantation de stratégies écologiques. Cette nouvelle construction a été un projet de grande visibilité, intégrant dans un même bâtiment un nombre impressionnant de mesures pionnières dans le domaine. Les différentes équipes de professionnels ont été en mesure d'enrichir leurs connaissances pour ainsi implanter des stratégies de développement durable, et ce, pour les projets subséquents.
La Maison du développement durable vise à optimiser le rapport entre le bien-être des usagers et les impacts environnementaux en portant une attention particulière à la qualité de l’air, au choix des matériaux, à la gestion écologique de l’énergie, de l’eau et des déchets ainsi qu’en instaurant une gestion sociale. Les grandes qualités de l’édifice découlent de l’application de trois principes caractéristiques :
Les performances techniques et durables incluent, entre autres, le mur végétal, véritable poumon qui purifie et humidifie l’air interne de façon saine, passive et naturelle. L’air purifié est dirigé vers les bureaux et le Centre de la Petite Enfance améliorant grandement le niveau d’air à l’intérieur du bâtiment. Une partie de l'air de retour est véhiculée à travers l'atrium avant d'être acheminée vers le système dédié d'air extérieur. Le mur végétal sert donc aussi de média filtrant en plus d’offrir une atténuation acoustique et un apport esthétique aux intérieurs. On note aussi une toiture verte atténuant les îlots de chaleur; des matériaux durables, locaux ou pérennes; une enveloppe ultraperformante quant au contrôle du bruit et de la dépense intrinsèque d’énergie; une géothermie réduisant l’impact des énergies non renouvelables; une récupération des eaux pluviales diminuant la consommation d’eau potable. L’ensemble du béton d’usage général utilisé dans la Maison du développement durable comprend des cendres volantes résiduelles des centrales thermiques au charbon. À l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment, des plaques de béton expérimentales comprenant une quantité plus importante de verre recyclée sont actuellement testées à l’aide de capteurs spécialisés. Ces derniers tentent afin d’évaluer si les plaques répondent aux standards de qualité lui permettant de devenir un nouveau matériau écologique accepté en structure de bâtiment.
Un environnement de haute qualité pour les usagers inclut, entre autres, une qualité de l’air exceptionnelle ; un contrôle actif par l’usager de la température, de la ventilation, de l’éclairage; un confort thermique supérieur assuré par la géothermie et la haute performance de l’enveloppe; une lumière naturelle et des vues sur l’extérieur qui maximisent le confort visuel. La Maison du développement durable a établi des plafonds d'émissions polluantes pour tous les produits appartenant aux familles suivantes : tapis, bois et stratifiés, scellants et adhésifs, peinture et vernis.
Enfin, la vocation éducative et la convivialité accrue sont au cœur de la mission de la Maison du Développement durable et induit un niveau de convivialité rare pour un édifice de bureaux. Le bâtiment, à la fois public et privé, est organisé selon un parcours éducatif et les divers lieux d’échange, que ce soit les salles de conférences et d’exposition ou encore le restaurant, sont autant de points d’échange et de convivialité. L’atrium est un réel lieu de rencontre animant l’ensemble de l’édifice dont la transparence établit un dialogue entre l’extérieur et l’intérieur. La multitude d’activités se déroulant dans l’atrium dénotent la versatilité de l’espace et le côté conviviale de son aménagement. Jusqu’à ce jour, on compte plus de 2500 visiteurs dont 180 groupes.
À la faveur d’une réalisation architecturale fonctionnelle et harmonisée au cadre bâti existant, la Maison du développement durable contribue à l’amélioration de la qualité de vie des citoyens. Elle concrétise l’ambition d’une architecture démonstrative et positive qui, tout en mettant l’accent sur le confort et la qualité de vie des usagers, protège l’environnement dans une perspective d’avenir amélioré. La Maison du développement durable est le lieu de ces réflexions sur les difficultés d’un monde qui se fragilise. Il s’agit donc d’une participation exemplaire au modèle bâti en territoire québécois.