École Nationale Supérieure d'Architecture de Strasbourg
ENTRE URBANITÉ ET PÉDAGOGIE
Le projet pour la nouvelle Ecole d’Architecture est un projet en ville. Cette disposition somme toute assez rare pour les écoles d’architecture, permet d’installer un dialogue particulier entre ville et enseignement de l’architecture, entre urbanité et pédagogie : le projet doit signifier ce dialogue.
La nouvelle école d’architecture est avant tout un outil au service des étudiants, un moyen de se confronter à l’enseignement de l’architecture mais aussi un lieu de partage de cette découverte commune, celui où on apprend tout à la fois à partager les lieux, les plaisirs de la discipline architecturale, ceux du temps commun libre et fécond.
L’architecture ne peut être enseignée en dehors de la ville qu’elle transforme, et sur laquelle elle se fonde. Le bâtiment de la nouvelle Ecole d’architecture doit être ouvert sur la ville, en dialogue avec elle, accueillant aux regards croisés des habitants du quartier, des visiteurs, des étudiants.
Le rez-de-chaussée du nouveau bâtiment forme un socle transparent offert à cette rencontre, en accueillant les activités publiques de l’école, la cafétéria et la salle d’exposition en liaison directe avec les amphithéâtres à rez-de-jardin.
Cet horizon offert sur la ville se prolonge verticalement dans la faille de l’atrium qui accueille sur quatre niveaux la projection des activités de l’école sur la ville et crée le lien entre celle-ci et les activités pédagogiques.
Cette promenade verticale se poursuit par la passerelle qui enjambe la rue Moll en s’y installant comme une vitrine ouverte sur la ville. Ainsi la nouvelle école n’est pas repliée sur elle-même, elle se fonde sur ce dialogue généreux avec la ville, par la mise en évidence des parcours ouverts sur celle-ci, par la générosité de la projection de l’activité pédagogique sur l’espace public.
Entre transparence et opacité, entre détachement du socle ouvert sur l’espace public et cheminement gravitaire des ateliers en superstructures, entre parcours publics et parcours privés, les matières du projet expriment cette distinction au sein même du bâtiment. Le parcours des étudiants accueille celui des activités pédagogiques dans la transparence sur la ville. La matérialité protectrice et translucide des ateliers distingue par ailleurs les lieux de l’apprentissage de ceux de l’ouverture sur la ville.
LE BÂTIMENT MOLL, UN GABARIT, UNE ENVELOPPE
Le nouveau bâtiment Moll prolonge, à l’instar de la ville elle-même, cette histoire de la transformation en acceptant l’ancien bâtiment pour ce qu’il est, mais en faisant du lien, un lieu de partage, un creuset pédagogique où les étudiants de toutes les années se rencontrent, échangent, ouvrent leurs projets, leurs maquettes, leurs expérimentations, aux regards des autres.
Nous voudrions que la pédagogie qui se fait dans les salles de cours, les ateliers, en sorte également pour se montrer, s’expérimenter dans un partage critique et vivant au cœur de l’école.
Le projet se pratique toujours à la liaison entre ces deux espaces : celui des lieux pédagogiques protégés, simples et appropriables, celui des liens, des lieux mis en commun. La promenade verticale dans le hall et ses prolongements doit joindre celle horizontale dans la passerelle qui lie les deux bâtiments en s’encrant très profondément en eux pour offrir ce coeur vivant, lumineux, généreux, en partage sur la ville.
Le bâtiment Moll tente de tirer parti au maximum de l’enveloppe des gabarits réglementaires. Il s’agit avant tout d’offrir le volume maximal dans les contraintes fixées par le règlement d’urbanisme. Les géométries se fondent sur les alignements, le maintien des gabarits de 12 m et de 18 m, l’épaisseur constructible dans la largeur des 20 m, et les attiques en retrait préconisés. Il s’agit ici de tirer parti de ces contraintes pour constituer trois corps de bâtiments superposés de deux étages chacun, dégageant le vide des activités communes ouvertes sur la ville.
Ces trois unités morcelées par les obligations réglementaires, forment alors trois unités constructives structurellement superposées, comme dans un équilibre stabilisé, unifiées par une enveloppe commune variant au gré des orientations, du mouvement des lumières.
Cette enveloppe structurelle rigide et de forte inertie, permet de libérer les salles d’enseignements de points porteurs en faisant ici apparaître le lien entre support et surface, en rendant habitable le vide de l’enveloppe structurelle. Ce qui gère le rapport à l’extérieur, à la vue, à la ville, aux lumières, est alors essentiel.
Depuis l’intérieur, chaque salle trouve son prolongement sur la ville par les vues qu’elle offre, par les regards qu’elle permet en fonction des usages, de la lumière du Nord sur la rue Moll, de celle de l’Est vers le boulevard du Président Wilson, et les prolongements naturels des ateliers d’art plastique sur les terrasses accessibles. Une fois cette ouverture sur la ville généreusement offerte, la structure porteuse se hiérarchise simplement autour des contraintes gravitaires, en exploitant les effets de ces grandes plaques percées dans l’ordre qu’il imprime à la structure.
Alors l’enveloppe de métal et de lumière unifie l’ensemble sans occulter la réalité constructive de l’édifice. Les reprises de charges laissent libre le rez-de-chaussée dans sa transparence ouverte sur la ville. Il s’agit par l’attention constructive portée à ce bâtiment, non pas d’une leçon de chose destinée aux étudiants, mais d’une expression raisonnée des potentialités offertes par le jeu des matières, et la raison structurelle. A l’heure de l’intégration des préoccupations environnementales, c’est un nouveau dialogue entre structure et vêture qui se met en place, une vision environnementale généreuse, une structure frugale, un espace libre protecteur mais ouvert sur la ville.
Le développement du projet trouvera sa cohérence dans le développement attentif de cette question constructive et des plaisirs qu’assurent les jeux de la matérialité en architecture. Le projet exprime ici une attention généreuse à l’art de la transformation que représente l’architecture dans la dimension urbaine et constructive. Nous voulons y puiser le caractère attentif de ce bâtiment aux questions environnementales, dans toutes leurs dimensions, celles des ambiances, celles des matières, celles des lumières et bien sûr des économies d’énergies.
Le projet pour la nouvelle Ecole d’Architecture trouve sa cohérence dans le lien qu’il opère entre trois attentions qu’il souhaite mettre en cohérence : la ville, la pédagogie, la matérialité.
EN VILLE: PÉRENNITÉ ET MODERNITÉ
Il s’agit ici d’appartenance et de partage. Les bâtiments appartiennent à la ville dont ils prolongent l’histoire dans la stratification construite des bâtiments mis en commun autour de l’outil pédagogique. Ils s’ouvrent sur la ville pour accueillir non seulement les étudiants mais les habitants autour de la question architecturale. Les bâtiments se dessinent autour des contraintes réglementaires qui organisent la ville dans sa morphologie tout en lui donnant une interprétation cohérente et généreuse.
La pédagogie s’établie autour d’espaces simples, réappropriables, et évolutifs, qu’accompagne un coeur vivant dont on espère qu’il mettra en partage les expérimentations et les rencontres. L’attention constructive faite autour du plaisir des matières, d’une interprétation contemporaine des raisons structurelles, devrait inscrire ce bâtiment de manière pérenne en ville, sans ostentation, mais avec générosité.
Surface:
Le bâtiment neuf, « la Fabrique » : 4500 m2 SHON
Le bâtiment réhabilité : « le Garage » : 4400 m2 SHON
Soit pour l’ensemble de l’école 8900 m2 SHON
Livraison du bâtiment neuf : mai 2013
Livraison du bâtiment existant restructuré : décembre 2014