Ecole primaire St-Gingolph
L’implantation du bâtiment dans la partie la plus pentue du terrain est à l’origine des choix formels puis de matérialisation de l’enveloppe. Pour un bâtiment dont la toiture est aussi visible que les façades, le développement d’un matériaux unitaire pour l’ensemble de l’enveloppe s’est imposé. Face aux contraintes d’un usage scolaire intensif (la façade Est donne sur le préau) la proposition du béton a semblé aller de soit. Cette volonté architecturale et la volonté de construire un bâtiment extrêmement performant au niveau énergétique a imposé le choix du béton préfabriqué permettant la mise en œuvre d’une façade ventilée. Le traitement de la façade est le fruit de la tension entre les impératifs techniques d’une façade ventilée et de la volonté d’une expression renvoyant à l’archaïsme de l’ancrage dans le sol, d’un lieu ou l’on revient sans cesse.
La question du joint est au cœur du traitement d’une façade en béton préfabriqué ; elle est également l’antithèse monolithique archétype actuel de la volonté expressive initiale. La liberté offerte par la préfabrication * pour définir la forme et la texture des pièces est exploitée pour proposer une expression s’inspirant d’une carapace dont les grandes écailles protégent l’intérieur du volume. Le traitement du joint et la géométrie des éléments suggère l’idée d’un mouvement renforçant ce caractère de carapace. Les exigences techniques ont contaminé le concept initial pour proposer une solution métaphorique ; l’archaïsme du langage trouvant son identité dans le joint (fondamental pour une carapace) alors qu’une réponse littérale aurait conduit au traitement monolithique du mur coulé sur place s’ancrant dans la pente.
«Ainsi l’œuvre ne se réduit pas à la vision unique du concept initial, elle s’est nourrie de l’histoire du projet, des possibilités liées au mode de mise en œuvre. A une époque où l’artisanat ne représente plus la réalité du chantier le projet prend corps en s’appuyant sur la mise en place de multiples éléments prémanufacturés. Empruntant, déplaçant, assemblant ou détournant des fragments de technologies souvent hétérogènes, l’invention constructive de l’architecte ne suit alors plus la démarche de l’ingénieur. Elle s’épanouit dans un chemin se rapprochant du « bricoleur » de Lévy-Strauss. Alors que Lévy-Strauss oppose ces deux stratégies notre pratique projectuelle se les approprie toutes deux pour les mettre au service du projet, le « bricoleur » donnant vie à l’idée initiale ou plus précisément à une métaphore du concept ; la construction littérale risquant de le noyer dans le respect des contraintes constructives.»
Credits
Ingénieur civil: ESM - Ruppen Ingénieurs SA
Ingénieur bois: Concept bois technologie
Ingénieur CVS: Joseph Bossert
Ingénieur électricité: EEM
Béton préfabriqué: Prébéva SA