Conservation Centre for the MUCEM
Centre de conservation et de ressources du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée
A monolith fashioned by light.
The proposed Conservation Centre for the MUCEM (Museum of European and Mediterranean Civilizations) reserves fits uncompromisingly and compactly into the site among the nearby industrial buildings. With the same floor area (72 x 72 m) as the MUCEM, the Conservation Centre integrates the notion of thickness. Unlike the museum which displays what is to be seen, the centre houses what is not to be seen: in other words, the museum’s reserves which, like a secret, are kept hidden behind the scenes. Natural light enters through the carved-out core of this rock-like, rough-cast concrete monolith.
Le Ministère de la culture a lancé en 2004 un concours pour le Centre de conservation et de ressources du Mucem sur le site des friches industrielles de La belle de mai, près de la gare Saint-Charles à Marseille. L’équipe d’architectes Corinne Vezzoni et associés/AURA a été désignée lauréate
du concours en septembre 2004.
Concours et programme
Le Centre de conservation et de ressources, destiné au stockage et à l’étude des collections, occupe environ 13 000 m2 sur un ancien terrain militaire de 1,2 hectare, le site Bugeaud de la caserne du Muy, dans le quartier de La belle de mai à Marseille, terrain qui permet une extension des réserves
dans un deuxième temps. Il abrite l’ensemble des réserves du musée ainsi que ses fonds documentaires, sa bibliothèque et ses archives scientifiques.
Le CCR du Mucem assure les missions premières du musée, à savoir stocker, conserver, étudier, documenter, entretenir et développer les collections. Le centre a aussi pour vocation d’être un lieu vivant, outil de valorisation et de diffusion des collections via une politique active de prêts et de dépôts.
Il est un instrument de travail pour les professionnels du patrimoine, les chercheurs et les étudiants en rendant accessibles l’intégralité des collections et des fonds du Mucem. Le grand public peut accéder, sur rendez-vous, à une partie des réserves et
aux expositions temporaires.
Parti architectural et urbain
Le quartier de La belle de mai, caractérisé par la présence de friches industrielles, accueille déjà les archives municipales de la Ville, La friche de la belle de mai et le Pôle média qui abrite des studios. Le Centre de conservation complète les équipements de ce quartier qui mise sur le développement culturel, quartier d’autant plus accessible qu’il se trouve tout près de la gare.
Un monolithe sculpté par la lumière
Corinne Vezzoni en installant le bâtiment des réserves du Mucem de manière radicale et compacte dans le site a choisi le gabarit maximum pour faire écho aux masses industrielles voisines et au socle de la caserne d’artillerie. Son volume simple et aisément identifiable lors des visions fugaces qu’en ont les passagers des trains, répond à une volonté de signal urbain mais aussi d’écho au Musée des civilisations.
À partir d’une empreinte au sol, identique à celle du Musée des civilisations (72 x 72 m) à qui elle adresse ainsi un clin d’œil, l’architecte pose sur le site un grand monolithe de béton rugueux, tel un morceau de roche sculpté dans son épaisseur pour permettre à la lumière naturelle d’y pénétrer. La référence à l’œuvre du sculpteur espagnol Eduardo Chillida est explicite. La carapace de béton irrégulier (béton planché coulé en place et teinté dans la masse) est alors entaillée, excavée, pour laisser entrevoir dans l’épaisseur du bâtiment la luminosité d’un béton blanc lisse et réfléchissant.
Le secret à conserver
Sur la rue, le bâtiment répond à l’échelle industrielle voisine et conforte les alignements. Il offre au passant une façade de béton brut, de couleur ocre, mais cette apparente opacité contraste avec l’intérieur organisé autour de patios lumineux orientés vers le sud.
Un univers intérieur prend place autour de ces creux, et les bureaux à l’abri des bruits de la ville, tournés vers le parc, bénéficient d’une atmosphère paisible. La végétation existante a été conservée au maximum, et depuis la rue se devine le jardin intérieur.
L’entrée des piétons se situe sur la placette d’origine. Le bâtiment des réserves, plus introverti car il raconte l’histoire des œuvres cachées, développe ce qui ne se voit pas - contrairement au Mucem, lieu très ouvert qui représente le côté visible de l’institution -.
Pour l’architecte, “les réserves, c’est l’envers du décor, c’est le secret conservé”.
La toiture, habillée de grandes dalles de béton teinté conforte l’image du monolithe et offre la vision d’une cinquième façade depuis la caserne du Muy et la voie SNCF.
Deux bâtis existants sont conservés et réhabilités : un hangar sur rue pour accueillir des collections en transit, un bâtiment de logements pour héberger les chercheurs étrangers.
L’enjeu de la conservation des oeuvres
La conservation des œuvres est l’enjeu majeur du Centre de conservation et de ressources du Mucem d’où la nécessité pour les réserves de bénéficier de conditions de températures et d’hygrométrie spécifiques. Cette exigence est satisfaite par une centrale de traitement d’air dont le débit
est de 12 000 m3/heure, qui alimente chacune des réserves destinée à recevoir des œuvres de collections. Il en résulte des contraintes de réseaux et de fluides très importantes en terme de croisement et de cheminement. Contraintes qui sont accentuées par l’aspect architectural du projet qui consiste à rendre invisible en façade et en toiture tous les équipements et les grilles.
Le Centre de conservation et de ressources se veut un espace de protection pour les collections qui sont réparties sur plus de 7 000 m2 de réserves modernes, selon trois niveaux, dans le respect des normes de la conservation préventive (température et hygro- métrie). Ces réserves sont compartimentées en modules pour organiser et conserver les collections selon leur taille et leur encombrement (surcharge de structure prévue à 1,5 tonne/m3), leur matière, voire des conditions climatiques spécifiques pour certaines. Quatre petites réserves dites de “basse température” sont prévues pour accueillir les objets les plus sensibles.
À proximité de l’espace de livraison se situent les espaces de prise en charge et traitement des objets : emballage/déballage des collections, salle de qua- rantaine, lieu de stockage du matériel, préparation des objets pour les expositions, etc. Une chambre d’anoxie est également prévue pour traiter les objets potentiellement infestés. Un atelier de montage papier, permettant de traiter en interne les collections dans
ce domaine complète le dispositif, ainsi qu’un grand atelier de prise de vue et un atelier de restauration. Outre le traitement des collections, des espaces du CCR sont destinés à accueillir des fonds docu- mentaires, des archives scientifiques, ainsi qu’une bibliothèque pour accompagner la recherche.
L’innovation du programme réside dans la capacité du bâtiment à ouvrir ses réserves au public (visites sur rendez vous).
Concours: 2004
Livraison: 2012
Cout prévisionnel: 13,2 MEuros HT
Cout travaux: 15 MEuros HT (1150 Euros/m2)
Surfaces: 13.033 m2