Musée Gustave Courbet
Musée d’Ornans
... Un Musée, trois maisons…
Le Musée Courbet quitte les limites étroites de son emprise initiale, la maison Hébert, pour s’implanter également dans les deux maisons contigües : la maison Borel et l’Hôtel Champereux. Ces 3 entités bénéficient d’un emplacement remarquable dans Ornans, en bord de Loue, entre le Grand Pont, la fontaine et la place Robert Fernier.
Décidé par le Conseil Général du Doubs, l’achat des deux maisons accolées à l’Hôtel Hébert permet cette extension et constitue le fondement même du nouveau Musée. Les passages entre maisons y sont traités avec ampleur, « taillés » en biais pour favoriser la perception d’épaisseur.
Un Musée, trois idées directrices, trois nouveaux lieux…
Introduire le paysage dans le musée :
Afin d’exprimer la relation qu’entretenait Gustave Courbet avec la nature géographique, politique et sociale et de ce pays, nous avons ouvert l’édifice au paysage d’Ornans, mis le visiteur en présence des lumières, couleurs, et matières du « Pays », en plusieurs lieux significatifs. Nous avons rendu le bâti perméable au site, ouvert des passages entre maisons, créé des transparences et des cadrages sur l’eau, les falaises, sur la ville, ré-introduit la relation au jardin.Une promenade intérieure, créée en surplomb de la rivière, est le lieu principal d’immersion du visiteur dans ce paysage exceptionnel. Parcouru en début puis à nouveau en fin de visite, cet espace révèle le « Pays » de Courbet.En fin de visite, le sentiment d’imprégnation du paysage est amplifié par la large baie ouverte sur la rivière, par la vigie, par la « plongée » dans la Loue.
Ouvrir sur la ville :
La façade existante n’exprimait aucun signal sur l’espace public ; sous une mantille d’inox, suspendu dans la grande hauteur du hall, une boîte-repère s’avance sur l’espace public et signale le musée à la ville. Elle abrite une salle d’exposition obscure, bien particulière, « boîte noire » que le visiteur s’attend à découvrir dans son parcours Le pavage de la place s’invite à l’intérieur, restituant l’esprit de la cour intérieure avec la transparence en haut du comptoir, les échappées vers le paysage.
Mesurer la nouvelle dimension du musée :
Côté sud, l’étroite rue de la Froidière recueille les visiteurs en sortie du musée. Réhabilité dans son rôle originel grâce à un parcours muséographique pensé pour le lieu, le jardin contigu retrouve sa fonction d’agrément. Avant de quitter les lieux, le public aura ainsi la possibilité de partager des instants avec le peintre, sa maison et son jardin.
Depuis la place, un lien visuel est tendu entre la « boîte noire » de l’accueil et le nouveau volume de cafétéria en fond de jardin.
Côté Loue, une séquence horizontale donne aussi à lire cette nouvelle dimension : une fine verrière en toiture souligne la position du hall, puis la galerie fait trait d’union entre les maisons, se poursuit dans l’aile de l’Hôtel Hébert et s’achève par la vigie percée dans le mur pignon.
Cette longue séquence horizontale sur la rivière est, comme côté place, le signe de la nouvelle ambition du musée.
A la nuit tombée cette ligne devient fil lumineux entre les maisons et le jardin, souligné par son reflet sur l’eau.
Un Musée, trois missions ...
Le Musée Gustave Courbet est tout à la fois un Musée de collection, un Musée d’histoire des mentalités et une maison d’artiste puisque Courbet y a séjourné étant jeune. On y présente des tableaux mais on y raconte aussi quelle fut la rupture picturale apportée par Courbet et combien ses rapports avec son pays furent contrastés. Enfin, on y vient aussi pour rencontrer Courbet en un lieu qu’il habita.
Cette triple mission a fondé le parcours muséal qui épouse tour à tour les différentes maisons. Le travail architectural et scénographique puise aux fondements du programme pour se nourrir. Ici, le Projet scientifique et culturel écrit par Frédérique Thomas Maurin, Conservatrice du Musée, appelait un parcours chrono-thématique, de l’enfance à la mort du peintre.
Une base du projet fut de conserver l’atmosphère de la Maison Hébert. Les fonctions du Musée qui nécessitent des restructurations lourdes de l’espace, comme l’accueil, se tiennent donc un peu « à distance » de la Maison Hébert et font précisément lien avec l’espace public.
Cette Maison Hébert, l’une des maisons d’enfance de Courbet, se parcourt donc en tout début d’exposition permanente, rejoignant ainsi la thématique de ces salles, à savoir les œuvres de jeunesse et de formation de Courbet. Il y a là une succession de pièces historiques avec des parties inscrites à l’Inventaire des Monuments Historiques auxquelles nous redonnons les couleurs et l’atmosphère au temps de Courbet.
La sortie de la Maison Hébert est concrétisée par la salle des révolutions avec une mise en scène de l’espace et du temps : une vitrine-galerie visible des deux faces, évoque d’un côté la révolution de 1848 pour les visiteurs qui sortent de la maison Hébert et, sur l’autre face, retrouvée en fin de visite après avoir parcouru de nombreuses salles, la révolution de 1870.
Grâce à la transparence de la vitrine, le bâtiment est lisible dans toute son épaisseur. Puis c’est la présentation des grands formats, jalon important de l’histoire de la peinture, celui de l’Enterrement à Ornans.
Enfin, les salles suivantes sont traitées avec des volumes plus abstraits favorisant la lecture des œuvres mais aussi, grâce à un système de volets intégrés aux stores, permettant au visiteur d’entrouvrir le vantail, d’aller chercher ce paysage omniprésent.