Theatre Lemanege
Le 22 mars 2002, lAtelier dArchitecture Pierre Hebbelinck reçoit la lettre de commande pour un nouveau théâtre de création à construire dans le centre de Mons (Belgique). Le projet a été sélectionné parmi les propositions de 5 bureaux concurrents. Le programme nécessitait une salle de 600 places assisses, permettant lexpression de tous les arts de la scène ainsi quune salle de répétition reprenant la surface du plateau et bien entendu, les équipements annexes dédiés aux acteurs, aux techniciens et à ladministration. Le site est un fragment dune caserne militaire formant initialement un vaste îlot vivant en vase clos dans cette ancienne ville de garnison. Ce site est occupé par un manège construit en 1903, de bonne qualité constructive, long rectangle de 55 m par 22 juste accompagné de ses annexes. La proposition est de placer la salle perpendiculairement à laxe principal et de former un T où la scène se loge à larticulation. Les gradins apparaissent ainsi à lextérieur du volume ancien et leur déclivité se manifeste clairement par un porte-à-faux croissant. Les architectes ont à lesprit le club ouvrier Roussakov que Melnikov construisit à Moscou en 1927, marquant par le fait que la matière quil utilisait était avant tout sa conviction dans un état de la société auquel il appartenait ; les matériaux et les technologies elles-mêmes, extrêmement pauvres, semblaient tenir, agglomérés sur cette force de conviction. Dans le projet, un large manteau vitré entoure la salle et invite à circuler vers son siège. Cette promenade est particulièrement démonstrative du rapport entre le Théâtre et la cité ; les corps déambulent dans cet espace et sont vu au travers des verres de matières différentes tandis que les spectateurs prennent conscience, au fur et à mesure de leur ascension, de la proximité vivante et forte de la ville. Cette mise en société du Théâtre peut sépanouir dans la vision de son directeur Daniel Cordova. Déterminé par limpératif déchéance des financements des fonds européens, le délai de conception accordé nest que de 5 mois et demi, de lesquisse au dessin du moindre détail prêt à être mis en uvre, ce qui représente la moitié de ce qui est nécessaire pour ce type de projet. En outre, le budget est très étroit pour un équipement dune telle ambition.
Une des singularités de lintervention architecturale trouve directement sa source dans les contraintes liées au temps et au budget. Les architectes décident dès le début de la conception quels seront les matériaux mis en uvre. Ceux-ci sont sélectionnés pour leur cohérence et leur valeur économique. Une palette restreinte de produits est déterminée en fonction de lutilité avec laquelle ceux-ci valoriseront les espaces et leur fonction dans la construction. Les briques anciennes du manège sont simplement nettoyées et leur nature simple situe directement les spectateurs dans le contexte historique du lieu. La conservation des charpentes en acier et leur valorisation dans les espaces daccueil va dans le même sensLe béton, qui répond au besoins de la stabilité complexe du bâtiment se retrouve à la fois comme expression de cette technique qui ne renonce pas à son aspect spectaculaire douvrage de génie civil et est transcendé par son emploi comme diffuseur acoustique de la salle (au moyens de parois moulées sur un profil mis au point par le BE acoustique et les architectes).Le verre, par le choix de vitrage clair et de vitrage granité (pas dapport dautre matière) crée le jeux de transparence et de mystère entre la ville et le théâtre. Il permet de créer par le reflet et lextase de la lumière, la propre signalétique du bâtiment.Le choix des finitions intérieures est guidé par des matériaux peu coûteux.Les panneaux de Fibralith assurent les finitions aux plafonds et la chaleur tant visuelle quacoustique des lieux. Les sols sont réalisés en béton lissé au rez de chaussée, en lino noir pour les espace liés à la salle et rouge pour accueillir lindividu dans les lieux particuliers.Les mobiliers sont réalisés en stratifié de redressement (cest à dire sans photo de finition), les peintures sont blanches pour les espaces de jour et noires pour les espaces de représentation.Luvre dart intégrée, une photographie des artistes Felten et Massinger agrandie à un format de 9 x 18 mètres, fonctionne dans la même logique. Celle-ci est collée sur des plaques de plâtre qui ont été ensuite perforées pour assurer labsorption acoustique de lespace VIP sous les gradins.
Le choix de cet univers de simplicité, dutilisation de lessence de la manière, permet de laisser au théâtre le propre choix de son décors de fonctionnement sans pour autant offrir une nudité dérangeante mais au contraire attractive.